Visite de la maison du Docteur Dugoujon à Caluire
12/02/19

Nous étions vingt-cinq Amopaliens accueillis devant la Maison du Docteur Dugoujon par notre collègue Maurice Joint et par M. Jean-Paul Roule, tous deux adjoints au Maire de Caluire. La Mairie de Caluire est en effet propriétaire de ce monument historique.

À la suite de l’arrestation à Paris le 9 juin 1943 du Général Delestraint, chef de l’Armée Secrète, Jean Moulin, chargé par De Gaulle d’unifier les mouvements de Résistance, convoque une réunion : elle aura lieu en « zone sud », donc à Lyon, et c’est André Lassagne (adjoint de Delestraint) qui est chargé par Max (alias Rex, ie Jean Moulin) de trouver le lieu. Ce dernier demande, au cours d’un repas le dimanche 20 juin, l’hospitalité à son ami Dugoujon, médecin installé « en banlieue ». La maison présente deux avantages : elle est isolée et les allers et venues de malades ne peuvent « qu’être normales ». Inconvénient : il n’y a qu’une entrée-sortie. Les personnes convoquées ne connaissent le lieu que le matin du 21 juin 1943. Il est clair que le Docteur Dugoujon ignore tout de l’objet de la rencontre, même s’il se doute qu’il s’agit de Résistance.

Nous sommes guidés par Mesdames Ducreux de la Laurencie et Ladevie qui nous répartissent en deux groupes alternés. L’une commence par la visite commentée de trois salles mémorielles, l’autre visionne au sous-sol des vidéos.

1. La maison : en entrant à droite, le cabinet du docteur. De l’époque, il ne reste que la bascule de pesée, car, après l’arrestation, la maison a été pillée. Rappel des débuts et du parcours de Jean Moulin qui nous sont familiers et présentation très intéressante de dessins et peintures que notre préfet a réalisés. Evocation de la situation de la Résistance au printemps 1943, avec ses tiraillements et l’arrestation de Delestraint.

2. Puis nous entrons dans la salle d’attente où ont été introduites, par la gouvernante Marguerite Brossier, les trois personnes arrivées en retard de 45 minutes et qu’elle a prises pour des patients ordinaires : Max, Colonel Emile Schwartzfeld, dit Claire pressenti par Max pour succéder à Delestraint et Raymond Aubrac des groupes paramilitaires de Libération. Grâce au témoignage de ce dernier, nous avons les positions de chacun y compris des « vrais malades » dans la pièce.

3. Au premier étage, c’est dans la chambre du docteur qu’a lieu la réunion. Sur une grande table, cinq photographies : celles d’Henri Aubry, d’André Lassagne, de Bruno Larat, du Colonel Albert Lacaze et de René Hardy qui, eux, sont à l’heure et viennent comme « amis de M. Lassagne ». Noter que René Hardy n’est pas invité mais accompagne Henri Aubry. « Bizarre ! », diront certains.

Avec pédagogie, notre conférencière demande à qui va s’intéresser Barbie lorsqu’il surgit avec ses hommes vers 15 heures, car il sait qu’il tient « de gros poissons » mais ne connaît pas qui est Max. La Gestapo menotte tout le monde dans la maison, non sans avoir violenté plusieurs personnes ; cependant, Hardy n’est pas menotté mais attaché à un soldat par un « cabriolet », ce qui lui permet de s’échapper au moment où ce soldat veut le faire entrer dans une voiture. Fusillade : blessé, Hardy disparaît cependant. Dans une pièce de l’étage, une maquette essaie de représenter l’évènement. Les tractions avant s’éloignent : deux personnes ont vu toute la scène et en témoigneront très vite.

Chacun connaît la suite : les interrogatoires, la torture, Klaus Barbie finissant, au bout de 48 heures, par savoir qui est Max. Une abondante littérature, de longues polémiques, des procès, traiteront (ou essaieront de répondre à la question) du pourquoi et comment Klaus Barbie est arrivé à Caluire ce jour-là.

Un mini débat s’engage entre les amopaliens, avec des points de vue divergents. Il est acquis que Barbie savait qu’une réunion devait se tenir mais le matin encore en ignorait le lieu précis.

Le sous-sol : outre des tableaux explicatifs, il offre la possibilité de visionner six vidéos qui comprennent des interviews de l’historien Jean-Pierre Azéma sur la Résistance et les témoignages recueillis auprès du Docteur Frédéric Dugoujon, de Raymond Aubrac ou Daniel Cordier (alias Caracalla, qui fut durant un an le secrétaire particulier de Rex = Max). Toujours émouvante, la retransmission du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, avec le discours intégral d’André Malraux, le 19 décembre 1964.

Nous quittons ce haut lieu, émus par la visite et heureux d’apprendre que bien des élèves viennent avec leurs professeurs y découvrir ce grand moment de notre Histoire.

Compte rendu rédigé par Louis Sanyas
Photos : Internet             

  • La maison

    La maison

  • Le Mémorial

    Le Mémorial

  • Plaque commémorative

    Plaque commémorative

  • Jean Moulin

    Jean Moulin

  • A l'intérieur

    A l'intérieur

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  • Raymond Aubrac

    Raymond Aubrac