Trévoux, capitale des princes de Dombes
16/05/19

Trévoux a un prestigieux passé. Ses quartiers historiques s’étagent sur les pentes de la Côtière surplombant une majestueuse courbe de la Saône.
Trévoux, au départ, est située au carrefour de trois voies romaines (Trivium=3 voies). Son nom vient-il de là ou des trois voltes de la Saône ?
En 843, le traité de Verdun partage l’empire de Charlemagne. La Saône matérialisera la frontière entre le Royaume de France et l’Empire où se situe Trévoux. C’est à cette situation frontalière que Trévoux devra son statut politique particulier.
À partir du XIIIe siècle, le péage fluvial de Trévoux prend de l’importance et la ville s’agrandit, se dotant d’un château fort et d’une enceinte.  Ce château fort de pierre est un édifice imposant classé Monument historique dès 1913 et considéré comme un monument majeur du département de l’Ain. C’est à la fois un bâtiment militaire fortifié, une résidence seigneuriale et un symbole de pouvoir.
Depuis le donjon octogonal décoré de pierres dorées et blanches, on découvre un superbe panorama sur la Saône. Ce bâtiment culmine à 250 m. Autant dire que visiter Trévoux nécessite d’’être en bonne forme !

« Trévos » appartient du XIIe au XIVe siècle aux Sires de Thoire-Villars dont le dernier vend le fief en 1402 à Louis II de Bourbon qui vient de recevoir le fief de Beaujeu. La réunion des terres constitue alors la Souveraineté de Dombes dont Trévoux est la capitale.
Deux princes souverains Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle et son successeur Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, font édifier deux monuments qui marquent encore aujourd’hui le paysage trévoltien : l’Hôpital Montpensier et le Parlement de Dombes.

Le Parlement de Dombes
L’actuel tribunal d’instance de Trévoux siège dans la prestigieuse salle du Parlement.
En 1523, François 1er annexe le pays de Dombes à la France et dote sa capitale Trévoux d’un parlement. En 1696, Louis-Auguste de Bourbon (1670-1736), fait construire à Trévoux. Il fait construire et décorer, par Pierre-Paul Sévin (1650-1710), la salle d’audience que nous visitons. Les murs peints en trompe-l’œil foisonnent de symboles et d’allégories axés sur les thèmes de la Guerre, de la Paix et de la Justice. Cette dernière est dessinée sous les traits d’une femme tenant une balance. L’iconographie fait appel au registre de la justice divine : des cartouches représentent les Tables de la Loi, les dix commandements donnés à Moïse ou encore le roi Salomon respecté pour sa grande sagesse. Levons les yeux vers le superbe plafond remarquable par la profusion de détails. Les poutres sont richement décorées : c’est Saint-Michel terrassant le dragon devant la justice… Les fleurs de lys entre chaque travée de poutrelles, symboles de la monarchie française, ont été masquées pendant la Révolution et repeintes en 1837 sous Louis-Philippe.
Le Parlement de Dombes est un parlement de l’Ancien Régime qui a exercé son autorité sur l’ancienne principauté de Dombes de 1523 à 1771. Il a été classé Monument historique en 1920.

Trévoux est aussi au XVIIe et XVIIIe siècle un centre intellectuel. Son statut attire les libraires, les imprimeurs qui peuvent exercer sans trop craindre la censure. L’imprimerie de Trévoux, fondée en 1603, devient célèbre sous le règne de Louis XIV. On en retrouve la trace sur une plaque.
Une académie est fondée et publie « Les Mémoires pour l’histoire des Sciences et des Beaux-Arts » et « Le Dictionnaire de Trévoux ». Le patrimoine local est bien mis en valeur dans l’espace culturel et l’apothicairerie qui prolongent le bâtiment de l’Hôtel-Dieu.

Trévoux est connue pour le tréfilage (l’étirage) des métaux précieux notamment les fils d’or et d’argent utilisés dans l’industrie lyonnaise de la soie. Toujours grâce à son statut particulier, les tireurs d’or n’ont pas à payer la taxe sur l’argue royal (machine permettant d’étirer les fils).
L’apogée des tireurs d’or et d’argent se situe au XVIIIe siècle et leur réputation est due à la grande qualité de leur travail. Nous assistons à une démonstration grâce à l’association de « Défense du Patrimoine Local ». L’argue de Trévoux a été reconstituée en 1999 par l’association grâce aux plans de l’encyclopédie de Diderot. C’est une machine impressionnante ; il fallait quatre hommes pour la faire fonctionner.

En 1762, la souveraineté de Dombes est définitivement rattachée au Royaume de France et perd tous ses avantages fiscaux et ses particularismes.

Au XIXe siècle, un ouvrier de Trévoux parvient à percer le diamant, le matériau le plus dur connu. Cette industrie sera florissante jusqu’à l’arrivée du laser.

Michèle Antignac
Photos Jacqueline Dauphin

 

          

  • Vue du château fort

    Vue du château fort

  • Le donjon octogonal

    Le donjon octogonal

  • Le Parlement de Dombes

    Le Parlement de Dombes

  • Le groupe d'amopaliens

    Le groupe d'amopaliens

  • L'imprimerie

    L'imprimerie

  • L'argue

    L'argue

  • Des amopaliens attentifs

    Des amopaliens attentifs