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À quoi servent les mémoires ?
29/01/18

Le Docteur Bernard CROISILE est neurologue au service de neuropsychologie de l'hôpital neurologique de Lyon.

1/ Comment définir la mémoire ?
Apprendre, stocker, puis rappeler une information constituent les trois mécanismes essentiels de la mémoire. La première étape permet de mémoriser des informations nouvelles apportées par nos cinq sens (vision, audition, somesthésies, olfaction, gustation) qui perçoivent le monde extérieur, mais nous pouvons aussi mémoriser des informations émotionnelles, c’est-à-dire les réactions de notre psychisme, de notre monde intérieur (émotions et sentiments) en réaction aux informations du monde extérieur. C’est ainsi que nous pouvons nous souvenir d’une conférence mais aussi du désintérêt ou du plaisir que nous avons éprouvés en l’écoutant. Ces réactions émotionnelles facilitent également la mémorisation ou, au contraire, peuvent bloquer l’apprentissage, que l’émotion soit positive ou négative.
La deuxième étape consiste à conserver ces informations le plus longtemps possible dans différents stocks. Le processus de consolidation dépend à la fois de la qualité du sommeil qui suit la mémorisation, et de la répétition des apprentissages ou des réutilisations des informations mémorisées. Utiliser une information, c’est l’apprendre de nouveau !
La troisième étape a pour objectif de récupérer ces informations lorsque cela est nécessaire. Le rappel s’aide beaucoup d’indices pour retrouver ces informations : la recherche d’un nom propre est facilitée par le fait de savoir sa première lettre, les souvenirs réapparaissent en revenant sur un lieu de vacances.
Tous ces processus peuvent être réalisés consciemment ou inconsciemment car nous apprenons parfois de manière volontaire, mais le plus souvent de façon involontaire, sans effort conscient de mémorisation, et nous pouvons aussi retrouver un souvenir de manière inopinée en sentant une odeur ou en voyant une image qui amorcent le processus de récupération d’un souvenir ancien.

2/ Le schéma de l’apprentissage


Lors de l’apprentissage, les informations issues de nos cinq sens sont conservées pendant de très courts instants dans des mémoires sensorielles : quelques secondes pour la mémoire auditive, quelques centaines de millisecondes pour la mémoire visuelle. Au-delà de ces mémoires sensorielles, se trouve la mémoire à court terme (ou mémoire de travail) qui maintient quelques informations (7 ± 2 informations en général) pendant une très courte durée de 20 à 60 secondes.
Cette mémoire à court terme permet de répéter un numéro de téléphone avant de le noter ou de le composer. Elle est aussi au cœur d’un grand nombre d’opérations cognitives, telles que raisonner, comprendre, calculer mais également la mise en route des stratégies de mémorisation pour conserver les informations en mémoire à long terme. Reposant sur des capacités de concentration, la mémoire à court terme est perturbée par certains médicaments (tranquillisants), le stress, l’anxiété, la dépression et l’alcool ainsi que par l’avancée en âge ou des maladies neurologiques (Alzheimer, Parkinson…).

3/ Quels stocks ?
L’étape suivante est celle de la mémoire à long terme où sont conservées les informations pour des durées parfois de plusieurs dizaines d’années. On distingue plusieurs stocks d’informations dans la mémoire à long terme. La mémoire procédurale est la mémoire des gestes répétés : nager, faire du vélo, nouer sa cravate, jouer d’un instrument de musique. Cette mémoire automatique est robuste, elle résiste bien à l’âge. Elle permet de retenir et de bien réaliser des actions mais aussi des scénarios (la série des gestes du petit-déjeuner).
La mémoire sémantique est celle des faits culturels sociaux, historiques et géographiques : le nom des capitales, des dates historiques, des noms des objets et des concepts... Ces connaissances sont apprises et réutilisées plusieurs fois, elles sont donc conservées toute la vie même si l’information ne revient pas immédiatement, donnant l’impression agaçante du mot sur le bout de la langue.
La mémoire épisodique est celle des évènements de notre vie, vécus une seule fois, en un lieu donné et un moment donné. Cette mémoire est très liée aux émotions que nous avons ressenties lors de cet épisode. Du fait du caractère unique des épisodes vécus, cette mémoire est plus fragile.
Au total, la mémoire nous informe sur le monde extérieur et sur notre monde intérieur. Les informations que nous mémorisons sont donc aussi bien des épisodes de notre vie que des faits culturels ou des gestes... La mémoire nous permet donc de construire notre identité, qui résulte de la combinaison de nos souvenirs personnels et de nos savoirs personnels ; elle permet d’agir en retour sur le monde extérieur grâce aux informations que nous avons stockées.

4/ La mémoire est-elle localisable ?


L’ensemble du cerveau participe au fonctionnement de la mémoire. Certaines régions sont toutefois plus particulièrement impliquées. Les zones qui permettent d’apprendre les informations du monde extérieur s’intègrent dans un circuit, le circuit de Papez, dont la porte d’entrée est une région appelée l’hippocampe (un dans chaque hémisphère), ce circuit implique différentes régions à la face interne du cerveau et dans sa profondeur. Les souvenirs sont ensuite stockés dans l’ensemble des régions cérébrales postérieures et non dans une région précise. Un souvenir n’est pas entreposé à un endroit donné, ses différents constituants sont en fait répartis dans plusieurs régions cérébrales. Nous disposons dans le cerveau de régions particulières, situées dans les régions antérieures frontales, dont l’objectif est de permettre cette reconstitution des souvenirs chaque fois que nous le désirons. Ainsi, contrairement à l’idée reçue, un souvenir n’est pas un livre qui serait stocké dans une bibliothèque, mais un livre reconstitué chaque fois que le souvenir est évoqué, en essayant de récupérer le maximum de pages c’est-à-dire le maximum de détails constitutifs du souvenir. Se souvenir, c’est reconstituer le livre.
Ainsi, un souvenir n’est jamais le même au fil du temps car, chaque fois qu’il est évoqué, certains éléments peuvent ne pas être retrouvés ce qui explique que nous n’avons pas les mêmes souvenirs que notre entourage d’un même évènement. Cette dispersion des éléments constitutifs du souvenir le protège, le rend finalement robuste mais également malléable, ce qui explique les situations de distorsions d’un souvenir ou de création de faux-souvenirs.

5/ La mémoire est sélective
Nous n’apprenons pas tous de la même façon et nous ne retenons pas tous les mêmes informations. Individuellement, nous sommes tous experts dans un domaine de la mémoire. Même ceux qui sont persuadés d’avoir une mauvaise mémoire retiennent les techniques de leur métier, ou les numéros de téléphone, ou la généalogie de la famille, ou les noms des sportifs.
En revanche, certaines personnes disposent d’une mémoire réellement phénoménale ? Ces mnémonistes sont en mesure de mémoriser instantanément des listes impressionnantes de mots ou de chiffres : ces personnes avaient peut-être un don au départ mais elles l’ont cultivé au prix de milliers d’heures de travail intensif. Il ne faut pas les envier car si notre problème à nous est la difficulté à apprendre, le problème des hypermnésiques est qu’au fil du temps leur mémoire est encombrée de listes de mots ou de chiffres sans intérêt, et alors que nous faisons des efforts pour apprendre, eux, font des efforts pour oublier !

 6/ Quels conseils pratiques pour exercer sa mémoire ?


Il faut d’abord être motivé, concentré et organisé, il faut conserver un esprit vif et curieux. On peut citer quatre conseils qui relèvent du bon sens et d’un peu d’organisation : motivation, concentration, répétition et organisation. (1) Conserver le plus longtemps possible sa curiosité pour le monde car sans motivation, peu de mémorisation ! (2) Se reposer, éviter stress et surmenage afin de conserver une bonne concentration. (3) La répétition et la pratique sont indispensables : « C’est en forgeant que l’on devient forgeron, c’est en apprenant que l’on mémorise ! ». Mais il est inutile d’apprendre des choses sans utilité au quotidien. Apprendre des poésies ne fait pas mieux retrouver sa voiture ! (4) Enfin, il est important d’organiser, d’associer et de comparer les informations à mémoriser. Quelques exercices simples de mémoire peuvent aussi stimuler l’agilité intellectuelle et renforcer la concentration.

Enfin, il ne faut pas oublier que la mémoire n’est ni une caméra qui enregistre tout, ni un muscle que l’on fait gonfler bêtement ! La mémoire exige des efforts, c’est un devoir envers nous-même, pas un droit acquis !

 Bernard CROISILE
Illustrations : Internet

 Pour en savoir plus :
Bernard Croisile. Tout sur la mémoire. Odile Jacob (2009)
Bernard Croisile. Alzheimer : que savoir, que craindre, qu’espérer ? Odile Jacob (2014)
http://www.happyneuron-corp.com/my-happyneuron/