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(22/06/22)

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Escapade en Provence
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En complément de ce compte rendu, des « coups de cœur » marqués d’une * sont rédigés dans le « Recueil des activités culturelles 2020-2021 ».

En ce 14 octobre, dès 7 h30, nous nous retrouvons avec joie pour une escapade vers le sud : objectif Aix-en-Provence, la ville du bon roi René et de Cézanne.

Notre première visite sera pour l’Abbaye de Silvacane*, à La Roche d’Anthéron.

L’architecture imposante, simple et austère, le cadre bucolique et le calme ambiant sont favorables à la méditation monastique et en harmonie avec les règles de Saint Benoît. Une guide locale visiblement amoureuse de l’Abbaye nous la fait visiter de fond en comble. Nous découvrirons l’histoire mouvementée de cette abbaye cistercienne. Appartenant à la commune depuis 2008, elle accueille des concerts et festivals de musique.

Cependant, notre accompagnatrice Jacqueline Hidalgo pense, à juste titre,  que l’on ne peut envisager le voyage sans un aperçu des origines d’Aix et de la vie du plus célèbre de ses enfants, Paul Cézanne*. Elle profite du temps du voyage pour nous en parler.
Elle nous trace donc l’histoire d’Aix, adroitement sans empiéter sur la partie que traitera demain, la guide locale avec laquelle nous ferons notre visite piétonne.

À 32 km de Marseille et de la Méditerranée, entre la montagne Sainte Victoire, chère à Cézanne, à l’est et la chaîne de Trévaresse à l’ouest, Aix est l’une des plus grandes communes de France en superficie. Ville thermale depuis l’Antiquité, ville riche, Aix a un important patrimoine culturel : architecture, musées, festival d’Art lyrique, théâtre. Mais, au cours du temps, son espace est souvent réorganisé par les occupants ce qui ralentit son développement.

C’est Gaius Sextius Calvinus qui a fondé Aix, en 122 avant J.-C., sous le nom d’Aquae Sextiae (eaux de Sextius). Il s’empare du lieu, qui se trouve sur la route entre l’Italie et la province ibérique, entre la Méditerranée et la Durance, et y installe son camp pour assurer les transports commerciaux entre Rome et Marseille.

En 1189, les Comtes de Provence en font leur résidence et elle devient capitale de la Provence. Aix connaît alors un essor réel.

Au XVe siècle, le roi René 1er d’Anjou, Comte de Provence, donne une impulsion importante à Aix. Le « Bon roi René » qui est aussi comte de Guise, duc du Bar, duc de Lorraine, duc d’Anjou, roi de Naples, roi de Jérusalem et roi d’Aragon, est un fin gestionnaire. Il fait prospérer la ville où il installe sa Cour de Justice. Fin lettré, le roi René entretient une cour très cultivée à Aix. Son père Louis d’Anjou avait déjà créé en 1409 une Université dans la ville, l’actuel Institut d’Etudes Politiques, que nous verrons en face de Saint Sauveur, lors de notre journée piétonne dans la ville.   

Ainsi, le « René » réalise à Aix la transition entre le Bas Moyen Age et l’époque Moderne. En témoignage, l’un des principaux boulevards de la ville, celui où est situé notre hôtel, porte son nom et sa statue est placée en haut du cours Mirabeau.

En 1480, deux ans après la mort du roi René, la Provence perd son indépendance et devient province rattachée au Royaume de France, mais non annexée. Ce sera le début de la prospérité. La ville, jusqu’au  XVIIIe siècle, s’embellit continuellement.

Après la Révolution, Aix souffre du développement de Marseille. Il faut attendre le renouveau « high tech » et le développement de l’Université pour que la ville revive. Aujourd’hui, de grands projets d’urbanisme voient le jour.        

Puis Jacqueline projette un film sur Paul Cézanne, enfant oh ! combien célèbre du pays. Le film fort documenté est accompagné des commentaires de Michel Fraisset, directeur de l’Atelier de Cézanne.

Cézanne né à Aix en 1839 y meurt en 1906. Peintre peu reconnu par ses contemporains mais qui a pris depuis une stature énorme. Souvent classé parmi les Impressionnistes, mais il n’est pas que cela, comme nous l’avons appris dans le film projeté le premier matin dans le car par Jacqueline. Les portraits qu’il peint au début, au couteau, avec beaucoup de matière, sont durs et expriment toute la violence, le mal-être de l’artiste. Par son ami de collège, Zola, Cézanne découvre Paris, les classiques et tous les peintres importants de son époque. Parmi eux, Pissaro a une influence déterminante et l’amène à l’Impressionnisme, une période plus sereine pour lui, avec d’incessants allers-retours entre Aix et Paris. Mais très vite, sa peinture évolue et ses natures mortes, ses paysages ne reflètent plus ni perspective, ni réalité des formes, ni celle des couleurs. Cézanne ouvre ainsi la porte à tous les possibles, au postimpressionnisme. Picasso dira de lui « il est notre père à tous ».

Notre 2ème jour est consacré à une visite entièrement piétonne d’Aix.

Nous avons rendez- vous devant l’Hôtel de Caumont* qui, rénové, est à présent Centre d’Art et contient des trésors.

 

En préalable, la guide brosse un tableau de la vie aixoise du XVIe siècle à la Révolution, cette période où Aix qui a perdu son indépendance, est néanmoins capitale du Comté de Provence. Aix-la-Romaine, importante de par sa position stratégique entre Méditerranée et la Durance a peu à peu décliné. Elle retrouve vie après son intégration au Royaume de France en 1481 et, en particulier en 1501, quand Louis XII y crée le Parlement de Provence. Mais la sujétion au roi de France est mal vécue par les élites. Les guerres de religions au XVIe siècle  aggravent les tensions et sont préjudiciables à l’ordre car la ville se révoltera contre le gouverneur de Provence jugé trop proche des Huguenots. Charles X, Louis XIII visiteront Aix dont l’attitude est très ambigüe car opposée au pouvoir royal, elle le célèbre quand il combat les protestants.

Néanmoins, Aix continuera son ascension. Et son  rôle primordial ne cessera de croître au XVIIe et XVIIIe siècles : la Cour des Comptes, la Maréchaussée, les Etats Généraux s’y installent. Les castes du Parlement sont issues de la haute bourgeoisie marseillaise, commerçants, armateurs qui ont une puissance financière certaine. Ils s’offrent des offices, des charges parlementaires alors que le pouvoir royal désargenté vend ces offices pour faire rentrer de l’argent. Cela amène beaucoup de monde, il faut les loger. S’ensuit un bouleversement énorme sous l’impulsion de l’Archevêque Michel Mazarin, frère du Cardinal. Et ainsi, sous Louis XIV, de somptueux hôtels voient le jour dans un petit périmètre. Leur construction continuera au-delà du Roi Soleil. On en dénombre 80. Nous en verrons quelques-uns : Hôtel de Réauville, baroque versaillais, qui est l’actuel Hôtel de Caumont, Hôtel Bonnet de la Balme d’époque Louis XVI, Hôtel de Villeneuve d’Ansous du XVIIe-XVIIIe, Hôtel de Boisgelin situé sur la place de la fontaine des 4 Dauphins au cœur de ce quartier nouveau, au parfait quadrillage de rues orthogonales, et qui est aujourd’hui le quartier Mazarin. Pour en faciliter l’accès, les propriétaires réclament une promenade pour carrosses et piétons : l’Archevêque Mazarin, avec l’accord du Parlement, fait détruire les remparts sud. L’architecte Jean Lombard ouvrira un « cours à carrosses », l’actuel Cours Mirabeau. Il y adjoindra la fontaine de la Rotonde.

 De nombreuses et somptueuses autres fontaines* émaillent le quartier et la ville.

                                        Fontaine Albertas                         


                                  Fontaine des Dauphins

  
                                     Porte du Palais épiscopal                   

L’après-midi est consacré à la visite des ruelles du vieil Aix*. Mais ici aucune ruelle tortueuse : Aix, dès l’Antiquité a été doté de plans d’urbanisme strict. Les hôtels particuliers sont nombreux. Des portes magnifiques s’offrent à nous.

Souvent, la perspective des ruelles est fermée au bout par une église et parmi ces églises, la cathédrale Saint Sauveur.

 
                  Portail Hôtel Peyronetti

Saint Sauveur, bâtie sur le forum de l' ancienne Aquae Sextiae, est une pure merveille qui nous laisse pantois. Dès l’entrée, sur la droite, attenant à l’église mais en dehors des travées, le baptistère dont la cuve octogonale encastrée dans le sol est mérovingienne tandis que la coupole très haute, qui le surmonte et l’éclaire, est du XVIe. Puis, trois travées fort différentes par suite des remaniements successifs, s’offrent à nous : la première romane date du XIe           

 
                                Portail église Saint Sauveur

La nef centrale est, elle, gothique et ses vitraux imposants rappellent ceux de la Sainte Chapelle

Quant à  la troisième nef, construite plus tardivement après destruction de chapelles, elle est baroque. Dans cette travée baroque, nous nous arrêtons longtemps pour détailler le merveilleux triptyque du Buisson Ardent de Nicolas Froment et qui date du XVe. À gauche, le roi René agenouillé, revêtu de ses armes et des habits des chanoines de Saint Vincent, est entouré de Marie-Madeleine, Antoine et Maurice. À droite, la reine Jeanne de Laval agenouillée elle aussi, saint Jean, sainte Catherine, saint Nicolas. Ils entourent la Vierge et l’Enfant qui, sur le panneau central, siègent sur un buisson ardent avec au premier plan Moïse gardant un troupeau. Des détails très nombreux émaillent le triptyque, brebis, végétation, gestes, miroir, vêtements… tous chargés de symboles bibliques alors que le cadre du panneau central représente les douze rois de Juda.

Nous visitons le cloître de 1190 avec ses quatre galeries de huit travées d’arcades en pierres blanches, aux colonnettes géminées. Les quatre piliers d’angle figurent l’apocalypse, l’homme, le lion, l’aigle et le taureau.

 

Mais après tous ces siècles de prospérité, Aix va décliner et ce n’est qu’au XIXe que la ville réagira. Ville d’eau depuis l’Antiquité, Aix deviendra une ville d’Art dont Cézanne hante encore les ruelles du vieil Aix, comme en témoignent les plaques de bronze insérées dans le sol.

Paul Cézanne, Emile Zola, Adolphe Thiers, Joseph d’Arbaud, François-Marius Granet, sont autant de gloires locales qui aident Aix à s’ouvrir au monde après le conservatisme qu’elle connaissait depuis la chute de la monarchie au XVIIIe. Depuis 1948, un festival d’Art lyrique de renommée internationale a lieu chaque année.

Notre troisième journée se passe aux Baux-de-Provence*.

 Un guide de l’Office du tourisme nous accueille.

À l’entrée du village, l’office du tourisme est dans la « maison du Roy » où la justice fut rendue jusqu’à la Révolution française. Au XIXe, le rempart qui longeait ce monument fut abattu pour créer l’entrée actuelle de la ville. Puis, nous rejoignons la jolie place Saint Vincent d’où la vue s’étend jusqu’à Arles. Nous admirons en contrebas du village, le vallon de la Fontaine long d’un kilomètre et large de 200 m au cœur de falaises escarpées, seul approvisionnement en haut des Baux pendant longtemps.

Le guide nous présente ici, devant le musée des santons, le village

Les Baux-de-Provence, éperon rocheux, à la géologie* particulière, à 15 km de Arles et qui domine à 245 m d’altitude, les plaines de la Crau et de la Camargue, tirent leur nom de l’occitan « Li bauz » qui signifie falaise, escarpement. Ils ont une position stratégique indéniable. La famille des Baux a régné pendant quatre siècles dans son château imprenable avec, comme devise, « À l’azar Bautezar », « Au hasard Bautezar », influencé par la légende qui faisait du roi le descendant du roi mage Balthazar. L’étoile à seize branches, guide des mages, fut placée sur les armes des Baux et elle y est toujours. La famille des Baux, ambitieuse, s’opposa longtemps aux Comtes de Provence sans arriver jamais à mettre la main ni sur le territoire, ni sur le titre convoité. Mais par un mariage avec l’héritière de la principauté d’Orange, la famille des Baux obtint finalement tous les privilèges d’un grand féodal. Les troubadours assurèrent la réputation des Baux.

Nous reprenons notre périple. Les Baux ont un patrimoine historique riche, église, château, chapelles, restaurés avec art et qu’on ne peut parcourir qu’à pied.

Nous verrons ainsi, toute proche, la porte d’Eyguières ou « porte de l’eau », aux nombreux escaliers, qui a longtemps été la seule porte du village. Puis, le guide nous présente l’église romane Saint Vincent du XIIe siècle caractéristique des constructions du lieu par sa partie partiellement troglodytique et dont l’agrandissement en 1609 a conservé l’harmonie romane tandis que ses vitraux modernes de Max Ingrand, offerts en 1962 par Rainier III de Monaco, nous interpellent. En face, la chapelle des Pénitents blancs a vu ses murs entièrement recouverts de fresques par Yves Brayer, enfant du village, sur le thème du Noël des bergers de Provence. Nous passons aussi par l’hôtel de ville, Hôtel de Manville, l’un des plus beaux de la Renaissance.

Ensuite, nous parcourons, chacun selon son désir, les rues escarpées à la recherche de merveilles architecturales anciennes ou de boutiques aux produits les plus variés.

 



                           Le groupe devant l’église des Baux

Plusieurs iront tout en haut du village sur l’esplanade du château d’où la vue s’étend jusqu’à la mer et illustre la valeur stratégique du lieu il y a longtemps.

Notre après-midi est consacrée aux Carrières de Lumières*, dans le Val d’Enfer où les immenses murs de calcaire accueillent, en ce moment et pour notre plus grand plaisir, les œuvres de Cézanne : un spectacle audiovisuel grandiose qui nous laisse pantois.

Dans le car de retour,  le très beau film « Cézanne et moi » de Danièle Thompson nous attend. Il illustre la ténacité de Cézanne pour parfaire ses toiles et ses longues recherches, ses multiples déplacements afin de trouver le meilleur point de vue pour réaliser sa toile. Il retrace aussi les rapports houleux de Cézanne et Zola. Paul est coléreux, instable. Zola est calme, réfléchi. Paul n’a rien, Emile a tout. Ils se jugent, s’admirent, se perdent et se retrouvent jusqu’à la rupture finale.


Marthe JANODET-LEVANTI
Phjotos Jacqueline Dauphin